Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée

« J’étais emmenée avec la rapidité de l’éclair, et je me suis trouvée transportée dans la maison d’un soldat que j’ai dû servir comme une servante, faisant tout le gros ouvrage, balayant la chambre et cirant les bottes. Ce n’était qu’un rêve, et pourtant je me sens fatiguée comme si tout s’était accompli en réalité.

— Ton rêve aurait pu être une réalité, dit le roi ; je te conseille de mettre des pois dans ta poche et de la percer d’un petit trou ; de cette façon tes pois tomberont et laisseront une trace dans la rue. »

Tandis que le roi parlait ainsi, le petit homme se tenait à côté de lui, invisible, et entendait tout. Dans la nuit, lorsqu’il emporta la princesse endormie, quelques pois tombèrent par ci, par là, mais ils ne pouvaient pas laisser de traces parce que le petit être rusé avait jeté d’avance des pois dans toutes les rues. La fille du roi fut donc obligée de servir de nouveau le soldat jusqu’au chant du coq.

Le lendemain matin, le roi envoya ses gens chercher les traces des pois ; mais ce fut peine perdue, car dans toutes les rues de la ville il y avait de pauvres enfants qui les ramassaient.

« Il faut songer à autre chose, dit le roi ; garde tes souliers, quand tu te coucheras, et avant de partir, caches-en un, je retrouverai l’autre. »

Le petit homme noir entendit tout cela, et lorsque le soldat lui ordonna derechef d’aller chercher la princesse, il lui conseilla de n’en rien faire, lui déclarant qu’il était sans ressource contre cette ruse, et que, si l’on découvrait le soulier chez lui, il pourrait lui arriver malheur.

« Fais ce que je te demande ! » dit le soldât.

Et la princesse dut encore travailler comme une servante pour la troisième fois ; mais elle avait caché son soulier dans son lit avant d’être enlevée.