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mer ta pipe à la lumière bleue, et je serai devant toi immédiatement. »

Puis il disparut à ses yeux.

Le soldat retourna dans la ville d’ou il était venu. Il entra dans le meilleur hôte ! et se fit faire de beaux habits ensuite il commanda a l’hôtelier de lui arranger un bel appartement, aussi somptueux que possible. Quand tout fut bien installé, il appela le petit homme et dit

« J’ai fidèlement servi le roi ; il m’a renvoyé et m’a fait souffrir la faim ; maintenant, je veux me venger !

— Quel ordre ai-je à exécuter ? `

— Dans la nuit, quand la fille du roi sera couchée, tu me l’amèneras tout endormie et elle me servira comme servante.

Le petit homme dit

« C’est chose bien facile pour moi, mais dangereuse pour toi ; car si cela se découvre, tu t’en trouveras mal. »

A minuit sonnant, la porte s’ouvrit et le serviteur de la lumière entra avec la fille du roi.

« Ah te voilà, s’écria te soldat, vite à l’ouvrage ! Prends le balai et balaie la chambre[1] ! »

Elle fit tout ce qu’il lui commandait sans opposition, muette et les yeux à demi-fermés. Au premier chant du coq, le petit homme la reporta dans le château royal, sur son lit.

Le lendemain matin, lorsque la princesse se fut levée, elle alla chez son père et lui raconta qu’elle avait eu un rêve étrange.

  1. Nous passons ici quelques lignes d’une trivialité extrême ; comme Lauzun humilant et maltraitant la grande Mademoiselle, cousine germaine de Louis XIV, le soldat force la princesse à lui ôter ses bottes ; de plus il les lui jette à la tête. On voit clairement dans ce conte la marque d’une époque de brutalite et de misère ; on y sent les rancunes et les désirs de vengeance du vilain opprimé, qui ne conçoit encore qu’une peine du talion grossière, appliquée à tort et à travers.