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procha jusqu’à ce qu’il se trouvât devant une maison où demeurait une sorcière.

« Donnez-moi une couchette et si peu que ce soit à manger et à boire, dit-il ; autrement, je meurs ! Oh ! répondit la sorcière, qui donc s’aviserait de donner quelque chose à un soldat errant ? Mais je veux être charitable et te recueillir si tu fais ce que je t’ordonnerai.

— Qu’exigez-vous ? demanda le soldat.

— Que tu me bêches demain mon jardin. »

Le soldat y consentit, et le lendemain, il travailla de toutes ses forces ; mais il n’eut pas fini sa tâche avant le soir.

« Je vois bien, dit la sorcière, que tu ne pourras pas continuer ton chemin aujourd’hui ; je vais te garder encore une nuit, à condition que tu me coupes demain une charge de bois. »

Le soldat employa toute la journée suivante ; et le soir, la sorcière lui fit la proposition de rester encore une nuit.

« Tu n’auras qu’un travail léger pour demain, dit-elle derrière ma maison se trouve un puits sans eau ; j’y ai laissé tomber ma bougie, elle brule sans se consumer d’une flamme bleue : tu vas me la chercher. »

Le lendemain, la vieille le mena au puits et l’y fit descendre dans un panier.

Il trouva la lumière bleue et fit le signe convenu pour que la vieille le tirât du fond de ce puits. Elle se mit en effet à tirer ; mais quand il fut tout près du bord, elle étendit la main pour lui prendre la bougie.

« Non, dit-il, car il s’apercevait de ses mauvaises pensées tu n’auras pas la lumière avant, que je sois hors de là sur mes deux jambes. »

Alors, la sorcière en furie le laissa choir dans le puits et s’éloigna.