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Dès que j’aborde avec eux des questions d’un ordre plus relevé, ils me répondent invariablement par les mots ouo-pou-tong-té, qui signifient en chinois : Je ne comprends pas. Je les fais pourtant venir, et, le danger me rendant éloquent, je me mets à les haranguer, tour à tour en chinois, en français et en anglais. Mes trois interlocuteurs me répondent chacun dans la langue qu’il a adoptée ; les deux derniers, bien persuadés qu’ils me parlent anglais et français, comme moi-même je crois leur parler chinois. La vérité, c’est que nous ne nous comprenions ni les uns ni les autres ; je n’en réfutai pas moins victorieusement leurs arguments.

Enfin, je crus comprendre que le cuisinier refusait aux plaignants non-seulement ses talents, mais même l’usage des provisions destinées à tous, d’après mes ordres.

Mes raisonnements étaient de moins en moins entendus ; je voyais l’abîme s’entr’ouvrir sous mes pieds, et me sentais livré sans défense à ces affamés, prêts à me dévorer moi-même, faute de mieux.

J’eus un éclair de génie qui me sauva. J’avisai