Page:Contenson - Chine et Extrême-Orient.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

sont inintelligibles et dont la cuisine est exécrable : aussi, peut-être aura-t-on quelque peine à concevoir mon embarras. Figurez-vous que vous traversez un abîme sans fond, ou plutôt peuplé de crapauds et de vipères à jeun depuis plusieurs générations. Vous êtes sur un pont formé de deux poutres, dont l’une représentera, si l’on veut, mon cuisinier, l’autre, le reste de mon personnel ; arrivé au milieu du trajet, vous sentez tout à coup que les poutres se disjoignent, qu’elles vont se séparer, et que vous allez glisser entre elles dans l’abîme béant. Essayer de rapprocher mes gens par le raisonnement me semble aussi impossible que vous jugeriez superflu de faire de l’éloquence pour persuader aux deux poutres en question de se rejoindre.

Mon palefrenier n’entend que le chinois, que moi je sais fort peu. Mon valet de chambre s’est bien donné pour parler français, et le cuisinier comme possédant l’anglais ; mais c’est tout au plus si le premier me comprend quand je lui demande mes pantoufles, et pour faire savoir au second que je désire dîner à sept heures, j’en suis réduit à lui indiquer l’heure sur ma montre.