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seil dans le lieu destiné à honorer les ancêtres [1], et

    mettre une soumission inviolable et éternelle. Si, au contraire, ses troupes ont été vaincues, il en est quitte pour faire couper quelques têtes, en disant qu’on l’a trompé. II envoie de nouveaux généraux avec des sommes considérables, pour réparer les pertes passées, et, après une campagne, tout est soumis, tout est rentré dans l’ordre. Le secret de tout cela n’est su que de quelques grands du conseil secret de Sa Majesté, et le reste de l’empire est toujours persuadé que le grand maître qui gouverne la Chine n’a qu’à vouloir pour dompter le reste de l’univers. Les officiers et les soldats se trouvent récompensés ; à leur tour on les vante comme des héros, il ne leur vient même pas en pensée de contredire leur panégyriste. Telle est la politique que les Chinois mettent en pratique aujourd’hui. En était-il de même autrefois ? Il y a grande apparence : c’est cependant ce que je n’oserai garantir.

  1. L’usage des Chinois, tant anciens que modernes, a toujours été d’avoir, chacun chez soi, un lieu destiné à honorer les ancêtres. Chez les princes, les grands, les mandarins, et tous ceux qui sont à leur aise, et qui ont un grand nombre d’appartements, c’est une espèce de chapelle domestique, dans laquelle sont les portraits ou les tablettes de tous leurs aïeux, depuis celui qu’ils comptent pour le chef de la famille jusqu’au dernier mort, ou seulement le portrait ou la tablette du chef, comme représentant tous les autres. Cette chapelle, ou salle, n’a absolument pas d’autre usage. Toute la famille s’y trouve dans des temps déterminés pour y faire les cérémonies d’usage : elle s’y transporte encore toutes les fois qu’il s’agit de quelque entreprise de conséquence, de quelque faveur reçue, de quelque malheur essuyé : en un mot, pour avertir les ancêtres et leur faire part des biens et des maux qui sont arrivés.

    Ceux qui sont à l’étroit et qui n’ont que les appartements nécessaires pour loger les vivants, se contentent de placer dans un des fonds de leur chambre intérieure, s’ils en ont plusieurs, la simple tablette qui est censée représenter les aïeux, à laquelle ils rendent leurs hommages et devant laquelle ils font toutes les cérémonies dont je viens de parler. Dans les camps et armées des anciens Chinois, le général avait dans sa tente, ou près de sa tente, un lieu destiné pour la tablette des ancêtres. Il s’y trans-