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ou qu’on reçoive des nouvelles [1] ; assemblez votre con-

    juger sainement des choses que ne peut l’être un ministre qui n’est peut-être jamais sorti de la sphère de la cour, et qui a souvent des intérêts différents de ceux de son souverain et de l’État. Tel est le raisonnement que font les Chinois.

  1. Une autre maxime que la politique chinoise regarde comme d’une extrême importance, c’est celle par laquelle il est défendu à ceux qui sont à l’armée d’écrire rien de ce qui se passe sous leurs yeux à leurs parents et à leurs amis. Par là, les officiers généraux sont les maîtres d’écrire au souverain tout ce qu’ils veulent, et de la manière dont ils le jugent à propos. Ils ne courent point de risque de voir leur réputation entamée par des relations déguisées ou fausses, faites souvent sans connaissance de cause par des officiers subalternes, qui leur prêtent des intentions qu’ils n’ont jamais eues, des desseins mal concertés auxquels ils n’ont jamais pensé, et un total de conduite qui n’a de réalité que dans leur imagination.

    Tous les officiers généraux ont droit de s’adresser directement à l’Empereur ; il y a même des temps et des circonstances où ils doivent le faire par obligation. Quand ils ont quelque fait à annoncer, ou à faire passer quelque nouvelle jusqu’à la cour, ils conviennent auparavant entre eux de la manière dont ils doivent s’y prendre pour ne pas taire ce qu’il est à propos de dire, ou pour ne pas dire ce qu’il faudrait cacher. Il est difficile qu’ils puissent tous s’accorder à tromper leur maître dans une chose de conséquence ; ainsi, on peut penser raisonnablement que l’Empereur est à peu près au fait du vrai : mais comme il n’y a que lui qui le sache, hors de l’armée, il n’en fait passer au public que ce qu’il juge à propos. Il fait composer des nouvelles, plus ou moins favorables, suivant les circonstances, il se fait féliciter par les princes, les grands et les principaux mandarins de l’Empire, sur des succès chimériques, dont il s’applaudit aux yeux de ses sujets ; on les insère dans les fastes, pour servir un jour de matériaux à l’histoire de son règne. Si les armées, après plusieurs campagnes, sont enfin victorieuses, tous les succès annoncés en détail passent pour constants : il fait la paix, ou, comme ils disent ici, il pardonne aux peuples vaincus, leur fait des dons pour se les attacher, et leur fait pro-