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ce que je voulais vous dire, vous ne seriez point coupables ; mais je vous ai parlé clairement, comme vous l’avez avoué vous-mêmes ; pourquoi n’avez-vous pas obéi ? Vous méritez punition, et une punition militaire. Parmi les gens de guerre, quiconque n’obéit pas aux ordres de son général mérite la mort : vous mourrez donc. Après ce court préambule, Sun-tse ordonna à celles des femmes qui formaient les deux rangs de tuer les deux qui étaient à leur tête. À l’instant, un de ceux qui étaient préposés pour la garde des femmes, voyant bien que le guerrier n’entendait pas raillerie, se détacha pour aller avertir le roi de ce qui se passait.

« Le roi dépêcha quelqu’un vers Sun-tse pour lui défendre de passer outre, et, en particulier, de maltraiter les deux femmes qu’il aimait le plus, et sans lesquelles il ne pouvait vivre.

« Le général écouta avec respect ces paroles qu’on lui apportait de la part du roi ; mais il ne déféra pas pour cela à ses volontés. — Allez dire au roi, répondit-il, que Sun-tse le croit trop raisonnable et trop juste pour penser qu’il ait sitôt changé de sentiment, et qu’il veuille véritablement être obéi dans ce que vous venez d’annoncer de sa part. Le prince fait la loi, il ne saurait donner des ordres qui avilissent la dignité dont il m’a revêtu. Il m’a chargé de dresser aux exercices des armes cent quatre-vingts de ses femmes, il m’a constitué leur général ; c’est à moi à faire le reste. Elles m’ont désobéi, elles mourront. À peine eût-il prononcé ces derniers mots, qu’il tira son sabre ; et du même sang-froid qu’il avait témoigné jusqu’alors, il