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même à des femmes, les sentiments qui font les guerriers, vous les dresseriez aux exercices des armes.

« — Oui, Prince, répliqua Sun-tse, d’un ton ferme, et je prie Votre Majesté de n’en pas douter.

« Le roi, que les divertissements ordinaires de la cour n’amusaient plus guère, dans les circonstances où il se trouvait alors, profita de cette occasion pour s’en procurer d’un nouveau genre : — Qu’on m’amène ici, dit-il, cent quatre-vingts de mes femmes. Il fut obéi, et les princesses parurent. Parmi elles, il y en avait deux, en particulier, que le roi aimait tendrement ; elles furent mises à la tête des autres. — Nous verrons, dit le roi en souriant, nous verrons, Sun-tse, si vous nous tiendrez parole. Je vous constitue général de ces nouvelles troupes. Dans toute l’étendue de mon palais, vous n’avez qu’à choisir le lieu qui vous paraîtra le plus commode pour les exercer aux armes. Quand elles seront suffisamment instruites, vous m’avertirez, et j’irai moi-même pour rendre justice à leur adresse et à votre talent.

« Le général, qui sentit tout le ridicule du personnage qu’on voulait lui faire jouer, ne se déconcerta pas, et parut, au contraire, très-satisfait de l’honneur que lui faisait le roi, non-seulement de lui laisser voir ses femmes, mais encore de les mettre sous sa direction. — Je vous en rendrai bon compte, Sire, lui dit-il d’un ton assuré, et j’espère que dans peu Votre Majesté aura lieu d’être contente de mes services ; elle sera convaincue, tout au moins, que Sun-tse n’est pas homme à s’avancer témérairement.