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duit le P. Amiot dans sa Préface, et qui est destinée à peindre le caractère du général chinois :

« Avant que d’exposer les ouvrages de Sun-tse, il convient, disent les commentateurs, de faire connaître sa personne, et de donner une idée de ses talents pour former les troupes et pour en entretenir la discipline militaire. Voici en peu de mots comment ils remplissent ce double objet, et l’histoire, vraie ou supposée, qu’ils racontent de ce général.

« Le roi de Ou, ayant des démêlés avec les rois de Tcheou et de Ho-lou, fit venir Sun-tse : — J’ai vu, lui dit-il, l’ouvrage que vous avez composé sur l’art militaire, et j’en ai été content ; mais les préceptes que vous donnez me paraissent d’une exécution bien difficile ; il y en a même quelques-uns que je crois absolument impraticables. Vous-même pourriez-vous les pratiquer ?

« — Prince, répondit Sun-tse, je n’ai rien dit dans mes écrits que je n’aie déjà pratiqué dans mes armées, et je suis en état de le faire pratiquer par qui que ce soit, et de le former aux exercices militaires, quand j’aurai l’autorité pour le faire.

« — Je vous entends, répliqua le roi, vous voulez dire que vous instruirez aisément de vos maximes des hommes intelligents et qui auront déjà la prudence et la valeur en partage ; mais le grand nombre n’est pas de cette espèce.

« — N’importe, répondit Sun-tse, j’ai dit qui que ce soit, et je n’excepte personne de ma proposition.

« — À vous entendre, reprit le roi, vous inspireriez,