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terre. Il ne paraît guère croyable en France qu’un bal du gouvernement de Penang ou du club de cette ville de l’archipel malais, dont le nom est presque inconnu de nos compatriotes, puisse réunir jusqu’à soixante femmes très-élégantes. À Saïgon, à peine en pourrait-on rassembler tout au plus douze ou quinze.

L’art avec lequel les Anglais arrivent à faire revivre leur home au loin est un trait du génie national. Anglais et Français, nous aimons d’un égal amour la patrie, mais ce sentiment n’agit pas sur eux et sur nous de la même manière : il pousse les premiers à reproduire partout où ils se trouvent l’image de leur pays, pour vivre comme s’ils ne l’avaient pas quitté ; il fait que nous ne nous résignons à nous éloigner du nôtre qu’à la dernière extrémité, et jamais sans esprit de retour ; c’est surtout chez les femmes que cette répugnance est la plus vive.

En rentrant de notre promenade dans l’île, nous trouvâmes à l’hôtel un billet ainsi conçu : « Le départ est pour demain matin, les éléphants sont prêts. » On devine l’effet magique que ces quatre derniers mots produisirent sur nous.