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de fidèles sujets et d’excellents citoyens, mais ne doit pas inspirer de courage au soldat, de valeur à l’officier, ni de vues au général [1]. »

Tel est le jugement porté sur ce pays par les Pères Jésuites, qui y étaient fixés depuis la fin du dix-septième siècle. Si j’aime à citer cet ouvrage, c’est qu’il est écrit par les hommes qui ont le

  1. M. Jametel porte encore, en 1883, un jugement semblable. (La Jeune France, tome VI, page 440.) Le trait le plus caractéristique de la race chinoise est bien certainement son amour de la paix et sa haine profonde pour toute espèce d’aventures. Ce sentiment a probablement eu pour origine première la configuration géographique du territoire formant la Chine proprement dite, qui a presque exactement la forme d’un immense cercle, placé de telle façon sur la surface de la terre, qu’il renferme dans ses limites tous les climats sous lesquels la vie est possible à l’homme. La race qui a été appelée à vivre et à se développer dans ce cercle a trouvé dans cette situation une force qui tendait d’autant plus à la rendre homogène que les productions variées de son berceau lui permettaient de se procurer tout ce qui lui était nécessaire pour son existence. Placée dans de semblables conditions, le peuple chinois n’a jamais senti le besoin d’aller conquérir par la force ce qu’il ne pouvait trouver sur son propre territoire. La nécessité ne lui a point fait une loi de se former de bonne heure au maniement des armes, et il s’est toujours laissé envahir par ses voisins moins bien partagés que lui par la nature, sans opposer la moindre résistance, confiant dans sa vitalité qui lui a permis de s’assimiler successivement ses conquérants, jusqu’au point de les faire disparaître complètement.