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les habille. Ils sont divisés par brigades de chauffeurs : celle qui n’est pas de service se pelotonne en un paquet au-dessus de la machine, le long des cheminées, afin de ne pas avoir froid ; elle offre le spectacle le plus pittoresque du bord ; souvent l’un d’eux s’arme d’un instrument de musique, formé d’une calebasse emmanchée d’un bâton, lequel porte des cordes ou plutôt une seule corde des plus monotones. Ils chantent alors pendant deux heures sur la même note, répétant deux ou trois syllabes, toujours les mêmes, avec accompagnement de claquements de mains, ce qui paraît beaucoup les divertir. Pendant ce temps, un de leurs camarades leur fait la cuisine avec du beurre de coco, ou encore une graisse sui generis, apportée tout exprès d’Aden, ce pays où ne croît pas un brin d’herbe, et où l’on est obligé, pour boire autre chose que de l’eau de mer distillée, d’attendre un jour de pluie, qui ne vient que tous les deux ans. Les nègres n’en tirent qu’une espèce de suif, qui donne à leur soupe l’odeur la plus nauséabonde.

Cependant, nous avancions toujours : nous voici au canal de Suez.