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Dès lors nous comprenons mieux l’enthousiasme du légat, qui, bien certainement, adressait ses éloges moins à la comédie en elle-même, qu’à ses interprètes, à ses auditeurs et au luxe féerique dont les uns et les autres donnaient le plus éblouissant spectacle.

Des énormes dépenses, inscrites sur les registres de Colbert, pour toutes les représentations dramatiques de l’année 1664, détachons celles qui sont spéciales à la troupe de Molière pendant son second séjour au palais de Fontainebleau.

Mobilier pour la comédie... . . 437 livres 10 sols.
Indemnité aux comédiens... . . 2,000
Leur séjour à la suite de la cour . . 300
Carosses à leur service... . . 500
Total....
. . 3,237 livres 10 sols.


Si l’on ajoute les dépenses faites pour la troupe des comédiens espagnols, pour lesquels une maison fut louée à Fontainebleau (probablement dans la rue appelée aujourd’hui rue des Pins), et ce, à raison de 300 livres pour deux mois et demi, ainsi que les indemnités accordées aux musiciens de la chapelle du roi, nous voyons s’élever à 10,747 livres 6 sols les dépenses totales faites en 1664 pour les soirées théâtrales de la cour à Fontainebleau.


Pendant le séjour de Louis XIV à Fontainebleau, du 16 mai au 13 août 1664, la nouvelle pièce de Molière, Tartuffe ou l’Hypocrite, dont les trois premiers actes avaient a été joués le 12 mai, au milieu des fêtes brillantes de Versailles, et dont la représentation publique avait été aussitôt interdite (14 mai), — la nouvelle pièce de Molière, disons-nous, fut l’objet d’une lutte très-vive. C’est « en son château royal de Fontainebleau[1] » que le grand roi reçut du curé de Saint-Barthélemy, Pierre Roulès, l’opuscule que cet ennemi implacable du poète venait de publier sous ce titre : « Le roi glorieux au monde ou Louis XIV, le plus glorieux de tous les rois du monde. »

  1. « Sa Majesté est maintenant en son château royal de Fontainebleau, qu’elle a pris très-grand soin elle-même qu’il fût fait beau ; délicieux, agréable, parfait et accompli de toutes parts, sans que rien n’y manque pour sa gloire..... » (Le Roi glorieux, page 47).