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La Vallière, Molière en était l’âme pour ainsi dire. Les comédies des Fâcheux, le Mariage forcé, la Princesse d’Élide, ainsi que les trois premiers actes de Tartuffe, y furent tour à tour représentés. C’est à la suite de ces divertissements, le lundi 21 juillet 1664, que les comédiens de Molière se rendirent à Fontainebleau où ils demeurèrent jusqu’au 13 août suivant.

Dans cet espace de près d’un mois, la Princesse d’Élide a été représentée quatre fois devant le légat du pape, Monseigneur Chigi ; la Thébaïde a eu une représentation, et le dernier ouvrage de Corneille le Couronnement d’Othon fut donné pour la première fois le 31 juillet. Enfin l’Œdipe fut joué le 3 août, et si l’on ajoute quelques autres pièces du répertoire dont les gazettes ne parlent pas, mais qui, vraisemblablement, ont été représentées, on aura le programme complet de la saison théâtrale de 1664, au palais de Fontainebleau.

Le légat du pape, qui était venu, le 28 juillet 1664, offrir à Louis XIV réparation pour l’insulte dont avait été victime Monsieur le duc de Créqui, notre ambassadeur à Rome, assista le 30 juillet à une représentation de gala. Les comédiens du roi donnèrent la Princesse d’Élide, cette comédie-ballet que le légat voulut bien trouver « tout à fait agréable et digne des plaisirs d’une cour si galante. » Nous hésitons aujourd’hui à partager l’admiration de Monseigneur Chigi ; mais, afin d’être juste, il ne faut pas oublier que pour cette représentation, comme en 1661 pour le Ballet des saisons de Benserade, l’on avait travaillé sans relâche à la confection

De neuf cents habits de bon compte ;


que d’ailleurs toutes ces riches parures qui ornaient les baladines et les danseuses,

Donnèrent bien moins dans les yeux
Que mille grâces naturelles
Qu’on voyait éclater en elles ;


et qu’enfin, au milieu d’un parterre de ducs, de comtes et de marquis,

On lorgnait cent et cent beautés
Dont les radieuses prunelles
Éclairaient mieux que les chandelles !…