Page:Constant - Molière à Fontainebleau (1661-1664), Carro, 1873.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 10 —

quarante-neuf seigneurs ont été institués chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit. Une gravure conservée au cabinet des estampes de la Bibliothèque Nationale et qui représente cette cérémonie, ne laisse pas de doute à cet égard.

Le père Dan nous dit qu’Henri IV avait eu dessein d’enrichir de tableaux la salle de la Belle Cheminée, et qu’il avait déjà fait commencer quelques bordures en stuc qui n’ont pas été continuées. Dès lors, quelle a été l’ornementation définitive de cette galerie ?… Les documents précis nous manquent, nous ne saurions être affirmatifs à cet égard ; mais il est probable que la décoration de la salle de la comédie variait suivant les cérémonies accomplies dans cette partie du château, et nous ne serions pas éloignés de croire que les douze tapisseries, représentant les Mois, et dont nous allons parler avec quelques détails, eussent servi de tentures habituelles à cette belle salle.

Cinq de ces belles tapisseries ornaient encore, il y a vingt ans, la Salle dite des Tapisseries, et Vatout, dans son ouvrage sur le palais de Fontainebleau (1852), nous en donne la description. Que sont devenues aujourd’hui ces cinq tapisseries ? Que sont devenues surtout les sept autres ? Nous l’ignorons, mais nous avons vụ, reproduits par la photographie à quatre exemplaires, les douze dessins des douze tapisseries dont nous parlons. L’histoire de ces douze dessins très-curieux mérite de prendre place ici.

Il y a quelques années, M. Paccard, alors architecte du palais de Fontainebleau, reçut en communication douze vieux dessins. Le premier de ces dessins portait cette inscription : Les maistres de Fontaine-Bleau ; et sur le douzième on lisait : Cecy est du temps de François I et des peintres de Fontaine-Bleau. Frappé de la beauté de ces dessins, ainsi que de leur originalité, M. Paccard demanda l’autorisation de les faire reproduire par la photographie. Le soin de cette reproduction fut confié à un amateur des plus habiles, M. Regnault, et voici comment quatre épreuves photographiques de ces dessins se trouvent encore aujourd’hui entre les mains de trois personnes de Fontainebleau (MM. Cazeneuve, Gouvenin et Regnault), alors que l’original a été remis entre les mains de son propriétaire qui nous est resté inconnu.

Les dessins que nous venons de signaler sont, suivant nous, quelques-uns de ces patrons sur grand papier, faits par le peintre Claude Badouyn, dont nous parlent quelques auteurs, et qui servaient de modèles pour la confection des tapisseries qui se fa-