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l’artiste consacra cinq années de labeurs assidus. Ce Jacquet, dont les registres paroissiaux de la petite église d’Avon, constatent la présence à Fontainebleau de 1556 à 1576, était venu dans la contrée vers 1540. Il commença par nettoyer, aux gages de quinze livres par mois, tous les stucs, toutes les fresques de la chambre et de la salle du roi, de la chambre de la reine, de la grande galerie et des trois chambres des Etuves[1] ; puis il prit part à tous les travaux de fonte et de moulage des statues en bronze ; le Tibre, le Laocoon, Cléopâtre, Apollon, Vénus, Commode, etc., et finit enfin sa longue carrière par son vrai chef-d’œuvre, la Belle-Cheminée (1590), dont nous venons de donner la description.

Pierre Poligny, conducteur des estrangers qui viennent voir la maison royale de Fontainebleau (1700), est en désaccord avec le père Dan, lorsqu’il dit, dans son Abrégé des choses les plus remarquables et les plus curieuses du cháteau, que le bas-relief qui se trouvait au-dessous de la statue équestre de Henri IV, représente, non la bataille d’Ivry, mais la bataille de Vitry, « où est encore Henri IV comme il gagna la couronne de France. » Nous croyons pouvoir nous ranger, sans hésitation, de l’avis du père Dan ; qu’il nous suffise de rappeler que la bataille d’Ivry,


« Près des bords de l’Iton et des rives de l’Eure,


a eu lieu le 14 mars 1590, et qu’une table de marbre noir, placée au fond de la Belle Cheminée contenait l’inscription suivante : »


Henricus IV, Francorum et Navarræ rex
Bellator, Victor et Triomphator, bello civili confecto
Regno recuperato, restauratoque, pace domi forisque constitutá,
Regiis penatibus, regali sumptu socum extruxit.
M. D. I. C.


Du chef-d’œuvre de Jacquet que nous reste-t-il aujourd’hui ?… Vainement, croyons-nous, chercherait-on une reproduction d’ensemble de la Belle Cheminée ; dans les belles collections de gravures que nous avons parcourues, nous n’en avons rencontré

  1. Voir les comptes de Nicolas Picart de 1540 à 1550.