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Salle des Merciers, à la Justice (1661. Avec privilége du roi). » Et ce privilége est daté de Fontainebleau, « le neuvième jour de juillet 1661. »


Les représentations données, comme on vient de le voir, dans les appartements de la Reine, n’étaient qu’exceptionnelles ; presque toujours elles avaient lieu dans la belle salle dite de la grande cheminée.

C’est cette grande salle qui, transformée en 1733 en un théâtre bas, étroit, sans dégagement, tout à fait à l’usage de Madame de Pompadour, fut incendiée en 1856. Nous allons essayer de la reconstruire telle qu’elle était du temps de Molière, à l’aide des documents écrits que nous avons pu rassembler.

L’auteur de la Muse historique, en relatant les moindres détails d’une fête dramatique, offerte à cette époque dans le palais de Fontainebleau, nous apprend que c’était d’un étang sur les bords. Et c’est, en effet, sur les bords de l’étang actuel du parc anglais, dont la disposition était à peu près la même sous Louis XIV, dans l’aile gauche de la Cour de la Fontaine, que se trouvait la grande galerie, une des plus vastes du château, connue et désignée par Du Cerceau, dom Morin et le père Dan, sous le nom de Salle de la Grande Cheminée, à cause du chef-d’œuvre du sculpteur Jacquet, de Grenoble, qui en faisait le principal ornement.

Le corps de bâtiment qui contenait la Grande Salle, c’est-à-dire celui qui sépare la Cour de la Fontaine de la petite cour que décore le Pavillon Maintenon, est attribué à Sébastien Serlio, dit Bastiannet, « peintre et architecteur, » venu de Bologne-la-Grâce le 27 décembre 1541, et retenu au service du roi François Ier, aux gages de 400 livres par an. La construction de cette partie du château fut achevée en 1559, et les façades de ce bâtiment sont aujourd’hui telles qu’elles existaient à leur origine. L’on peut admirer encore l’escalier à deux rampants, dit Escalier des Sphinx, et seules, les niches de la façade principale sont demeurées vides des statues qui les décoraient. L’Apollon du Belvédère et le Commode, qui sont aujourd’hui dans les jardins des Tuileries, se trouvaient dans les deux niches qui sont de chaque côté de la porte qui fait communiquer la Cour de la Fontaine avec le parterre ; deux épormes sphinx ornaient les piédestaux de l’escalier à deux rampants. Ces diverses œuvres d’art avaient été moulées et coulées en bronze par les soins des Jacquet, des Leroux, des Durand, avec