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Franchard, et peut-être qu’en jetant ses regards sur les jardins du palais, sur la belle forêt qui l’entoure, se surprenait-il répétant ces vers du poète :

Ces arbres, ces rochers, cette eau, ces gazons frais,
Ont pour moi des appas à ne lasser jamais.

Les mois de juillet et d’août 1661 et 1664 furent marqués par les voyages de la Cour les plus importants, et les fêtes somptueuses qui se donnèrent alors au château de Fontainebleau rendirent, en quelque sorte, indispensable la présence de Molière et de sa troupe

.......ayant la pratique
Du sérieux et du comique.

À côté des actes de piété accomplis à cette époque à la petite église d’Avon ou bien à l’église des Carmes des Basses-Loges, au sujet de la grossesse de Marie-Thérèse, la musique, la danse, la poésie trouvèrent leur place ; tous les artistes, chanteurs, danseurs et comédiens se réunirent à l’envi pour divertir la jeune reine et surtout le jeune souverain, qui semblait présider en demi-dieu à toutes ces fêtes mythologiques.

Les concerts et les mélodies,
Collations et comédies,
Les promenades et le bal,
Les délices du grand canal,
À la Cour point ne diminuent
Mais de plus en plus continuent.

Si l’on ouvre les gazettes ou les mémoires du temps, partout il n’est question que de promenades en calèche, que de chasse à courre ; aujourd’hui « le roi, la reine, Monsieur et Madame, étant « sur le canal, dans un bateau doré en forme de galère, où prenant le frais, le prince de Condé leur sert une collation en qualité de grand-maître ; » le soir, les vingt-quatre violons du roi se