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INTRODUCTION Le 12 juillet, Benjamin Constant était de retour à Coppet avec M"lB de Staël. La comtesse de Nassau comparait Je roman de son neveu à ceux d’Anne Radeli fie. Ce furent elle et Mme de Charrière qui firent connaître à leur famille les circonstances où se trouvait Benjamin. Le public devait encore ignorer la chose; mais il n’était bruit que de cela dans la société de Lausanne et de Genève et les commérages les plus contradictoires circulaient. Les d’Ariens avaient pris parti pour Mae de Staël dont Constance attisait encore le ressentiment. Constant lié par sa parole n’osait point expliquer sa conduite et son amie en profitait contre lui, feignant toujours d’ignorer ses légitimes relations. A Londres, on accusa Rosalie de s’être mêlée du mariage, elle répondit 19 décembre 1809. « Je suis fâchée, mes chers amis de ce que vous me dites du mariage de Benjamin. D’abord on doit se soutenir en famille. Ma monde et ma pruderie ne se sont point mélées de celui-là, je voudrais bien qu’il fût meilleur, mais si cette femme qu’il a déjà aimée lui convient par le caractère, s’il mène enfin une bonne vie, je m’en réjouirai. » Les uns blâmaient donc Adolphe de s’être marié, les autres de rester à Coppet, et il n’en partait point afin de ne pas pousser M"" de Staël à des actes désespérés. Sa vie était atroce; et pour la rendre plus pénible encore, son père qui venait d’annoncer lui-même le mariage à la terrible châtelaine, déclara soudain qu’il ne décidait rien entre deux personnes qui l’intéressaient également (la femme et l’amie de Ben-