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trouvant aussi bien là qu’ailleurs, je me décidai à y rester pour aller au spectacle. Je ne sais plus quelle pièce on représentait. Enfin, le jour suivant, je pris encore une chaise de poste et j’allai jusqu’à Thrapston, l’endroit le plus voisin de la cure de Wadenho où je comptais trouver M. Bridges. Je pris un cheval à l’auberge et je me rendis tout de suite à Wadenho.

M. Bridges était effectivement curé de ce village, mais il venait d’en partir et ne devait être de retour que dans trois semaines. Cette nouvelle dérangeait tous mes plans. Plus de moyens d’avoir l’argent nécessaire pour aller en Écosse, aucune connaissance dans les environs, à peine de quoi retourner à Londres et y vivre quinze jours, ce qui n’était pas même assez pour y attendre la réponse de mon père. Il ne fallait pas délibérer longtemps, car chaque dînée et chaque couchée me mettaient dans une situation plus embarrassante. Je pris mon parti. Je vis, en calculant bien strictement, que je pouvais arriver jusqu’à Édimbourg en allant à cheval ou en cabriolet, seul, et une fois là, je comptais sur mes amis. Bel effet de la jeunesse, car certes s’il me fallait aujourd’hui faire cent lieues