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ménagerie, et je revendis deux de mes bêtes pour le quart de ce qu’elles avaient coûté. Mon troisième chien s’attacha à moi avec une vraie passion, et fut mon compagnon fidèle dans les pérégrinations que j’entrepris bientôt après.

Ma vie à Londres, si je fais abstraction de l’inquiétude que me donnait l’ignorance de la disposition de mon père, n’était ni dispendieuse ni désagréable[1]. Je payais une demi-guinée par semaine pour mon logement, je dépensais environ trois shillings par jour pour ma nourriture et environ trois encore pour des dépenses accidentelles, de sorte que je voyais dans mes treize louis de quoi subsister pendant presque un mois. Mais au bout de deux jours, je conçus le projet de faire le tour de l’Angleterre, et je m’occupai des moyens d’y subvenir. Je me rappelai l’adresse du banquier de mon père. Il m’avança vingt-cinq louis ; je découvris aussi la demeure d’un jeune homme que j’avais connu et auquel j’avais fait beaucoup d’honnêtetés à Lausanne, quand je vivais dans la société de

  1. Voir Appendice XVII, p. 121.