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choisi ; et dégoûté, par tant d’essais inutiles, de toute éducation domestique, il se décida à me placer, à quatorze ans, dans une Université d’Allemagne.

Le Margrave d’Anspach [1], qui était alors en Suisse, dirigea son choix sur Erlangen. Mon père m’y conduisit et me présenta lui-même à la petite Cour de la Margrave de Bareith, qui y résidait. Elle nous reçut avec tout l’empressement qu’ont les princes qui s’ennuient pour les étrangers qui les amusent. Elle me prit en grande amitié. En effet, comme je disais tout ce qui me passait par la tête, que je me moquais de tout le monde, et que je soutenais avec assez d’esprit les opinions les plus biscornues, je devais être, pour une Cour allemande, un assez divertissant personnage. Le Margrave d’Anspach me traita de son côté avec la même faveur. Il me donna un titre à sa Cour, où j’allai jouer au pharaon et faire des dettes de jeu que mon père eut le tort et la bonté de payer.

Pendant la première année de mon séjour à cette Université, j’étudiai beaucoup, mais je fis

  1. Voir Appendice X, p. 112.