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mère, l’idée que je me fais de mes occupations auprès de vous. En attendant que cela soit, voici ma journée. Je me lève à sept heures, je déjeune, je travaille et je mets Horace à la torture. Je l’habille quelquefois si plaisamment qu’il ne se reconnaîtrait pas. Je prends une leçon d’accompagnement et de composition ; je lis avec M. Duplessis, je saute, je cours, je m’amuse, je prends une leçon de danse, je dîne de bon appétit, je lis Quinte-Curce, je fais des vers latins, je vais prendre une leçon de clavecin, je vais au parc, je fais quelquefois une visite à une jolie Anglaise. De retour à la maison, je fais une partie de piquet, je soupe, je me couche à neuf heures et je dors dix heures sans interruption. Entre temps, je compose un opéra, les vers et la musique : cela sera très beau et je ne crains pas les sifflets.


Lettres de Benjamin Constant à sa famille (1775–1830), précédés d’une introduction d’après des lettres et des documents inédits par Jean-H. Menos, in-18, Albert Savine, Paris, 18, rue Drouot, 1888.