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comme lui en France, et qui avait toutes les manières et toute l’élégance d’une garnison. Nous déjeunâmes ensemble : les heures se passaient, et M. Duplessis ne paraissait pas. Nous l’attendîmes ainsi inutilement toute la journée. M. Pillichody était en fureur et s’épuisait en protestations que jamais il ne reconnaîtrait pour son ami un homme qui manquait à un rendez-vous de cette espèce.

— J’ai eu, me disait-il, mille affaires pareilles sur le dos, et j’ai toujours été le premier au lieu indiqué. Si Duplessis n’est pas mort, je le renie, et s’il ose m’appeler encore son ami, il ne mourra que de ma main.

Il s’exprimait ainsi dans son désespoir chevaleresque, lorsque arriva subitement un de mes oncles, père du cousin qui m’avait accompagné. Il venait m’arracher aux périls qui me menaçaient et fut tout étonné de me trouver causant avec le second de mon adversaire sans que cet adversaire se fût présenté. Après avoir ainsi attendu encore, nous prîmes le parti de nous en retourner. M. Pillichody nous devança, et comme nous passions devant la campagne qu’habitait M. Duplessis, nous trouvâmes toute la