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Qui traînent Goëlette et sa triste compagne.
Après un lent trajet, le long cortège gagne
Le rivage connu, l’îlot de Gavr-Ynys.
Bel-Héol en ce jour semble être un sombre Dis ;
Il veut ainsi pleurer sa blonde druidesse.
Le ciel en deuil étend son voile de tristesse ;
Bélisana, Lez-Breiz, près de Hu, de Camma,
Par Conan sont conduits (tous grands cœurs qu’anima
La même passion, l’amour de la patrie) ;
Des deux nobles amants la dépouille chérie,
Pieusement posée en l’antique tombeau ;
Les deux nacelles sœurs, au pied du saint coteau
Remises pour toujours sur la paroi murée,
Et la cithare veuve, à la branche, arborée ;
Soudain, ouvrant son sein, sur toutes ces douleurs
Le ciel paraît verser un déluge de pleurs.
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Ah ! demain, pauvre peuple, oui, demain sur ces tombes
Tant d’autres vont s’ouvrir ! car, demain, tu succombes !
Altéré de vengeance et réclamant du sang,
Le glaive du Romain va déchirer ton flanc.
O César, entends-tu les cris de tes victimes ?
Ils maudissent ton nom en tombant aux abîmes !
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Dans ces jours le Plogoff tressaillit et pleura !
Mais, à Rome, César sous le fer expira !
Et les deux âmes sœurs, insultant à sa rage,
Viennent mêler leur voix à celle de l’orage.
L’antique Gavr-Ynys et la plaine du Mor
Entendent des génies,
Souvent encor,
Accompagner la voix et la cithare d’or
Dans ces célestes harmonies !