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Côte à côte s’en vont vers le rivage ami,
Où de ces flots déjà le premier a gémi.
Funèbre avant-coureur de la triste nouvelle,
De tout un peuple il rend l’angoisse plus cruelle !
Sur les bords du Gwenet l’Armorique en suspens
Presse le sombre Dis de relever les pans
Du manteau qui recouvre et le Mor et ses plages.
Oh ! vienne Bel-Héol éclairer ces rivages !
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Quelle est cette clameur qui traverse les airs,
S’envolant sur le Mor jusqu’aux lointaines mers ?
C’est un cri de douleur, un long cri de détresse ;
C’est l’immense sanglot d’une immense tristesse ;
C’est le cri déchirant d’une mère aux abois !
Malheureuse Armorique, hélas ! combien de fois
Ton flanc va-t-il saigner de mortelles blessures ?
Pourtant, hier encore, elles semblaient si sûres
Les promesses pour toi du triomphe final ;
Et ton âme aujourd’hui reçoit le coup fatal !
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Au vieux sol du Gwenet, infortuné rivage,
Sentant déjà le joug d’un sanglant esclavage,
Sur deux enfants tombés pleure une nation !
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De tant de rois vaillants, et l’illustre scion,
De tant de bardes saints, et la noble héritière,
Chacun dans sa nacelle ayant même litière,
Un lit de verts rameaux, lierre au chêne enroulé,
Retraversent le Mor ; et le flot, désolé,
Semble s’associer au lugubre cortège !
Conan, le vieux Conan, qu’un jour encor protège,
Morne, pieux marin de la barque des morts,
De son sénile bras dirige les efforts