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Une écharpe de lin, que la brise bientôt
Fait flotter dans les airs aux regards de la Sène.
« Lez-Breiz, murmure-t-elle ! Et le rameau de chêne,
Agité par sa main, porte à l’amant heureux,
De sa Bélisana la tendresse et les vœux !
« Grands dieux, protecteurs de la Gaule,
« Esus, Dis, Teutatès, Héol aux cheveux d’or,
« Oh ! veillez sur Lez-Breiz ; sur elle plus encor !
« A vous ma vie ainsi que ma parole !
« Le mien finit ; remplissez votre rôle :
« Écoutez la Gauloise et la Sène du Mor ! « 
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A qui met tout son cœur à chérir sa patrie,
Que la crainte d’en voir, et la gloire meurtrie,
Et le beau front souillé, comme l’est un vaincu,
Et l’esclavage immonde, où ce qu’elle a vécu,
Avili, profané, devient une pâture,
Aux heures de l’angoisse inflige de torture !
La Sène, du dolmen, implorant les échos,
Interroge sans cesse et la terre et les eaux.
Que l’amour, inquiet, de tous côtés tourmente
Le cœur triste, gonflé, de la craintive amante !
« Quel est ton lot, Lez-Breiz ? ou fortune, ou malheur ?
« La victoire est bien due à ta rare valeur ;
« Mais le cruel destin peut forcer ta défaite,
« Et le sombre corbeau s’abattre sur ta tête.
« Hélas ! hélas ! pourquoi ces noirs pressentiments ?
« Calme, cœur agité, calme tes battements ! »
Et le regard fiévreux recommence sa veille ;
Et l’âme écoute autant, plus même que l’oreille.
« Que le jour est donc long ! Vienne, vienne le soir !
« Dois-je suivre la crainte, où bien croire à l’espoir ? »