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Une fée a béni la branche de verveine ;
« La fille de Camma, triste, sur son tombeau,
De son doigt, t’a tissé le précieux cadeau.
« Va ! Lez-Breiz ; qu’il protège et ta tête et tes armes !
« Mais avant de partir, accorde à mes alarmes
« La promesse sacrée. (Un serment l’est pour toi ;
« Dès l’enfance, l’honneur fut ta suprême loi,)
« Soit de venir toi-même en quittant la bataille ;
« Soit d’envoyer ton brave. Où tu lui dis qu’il aille,
« Ce fidèle guerrier sait affronter la mort !
« La druidesse attend pour apprendre ton sort
« Le retour de ce gage où sa lèvre se pose. »
Elle dit, et sa main à l’autre main qui n’ose,
Tend le don révéré. Lez-Breiz prend et frémit ;
Et d’une voix émue, (on dirait qu’il gémit)
« Noble Bélisana, ton cœur a ma promesse ! »
Le héros veut parler ; mais la Sène s’empresse :
« Qu’est-ce ? Écoute ! Ton nom, là, vient de retentir ;
« Sur les flots tes guerriers te pressent de partir. »
L’amant hésite. (Amour, combien tu le tourmentes ! )
Soudain, portant le gage à ses lèvres brûlantes,
Le guerrier la contemple, et, fou, d’un bond s’enfuit.
Bélisana longtemps reste là dans la nuit
Bravant sans y penser les fureurs de l’orage.
Enfin, quand elle voit glisser loin du rivage
La précieuse barque emportant ses amours,
La passion soudain se donne un libre cours.

Oui, je l’aime, ô tempête !
Nuage, firmament,
Vent hurlant sur ma tête ;
Rocher, flot écumant !