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Déjà pour le retour, Lez-Breiz monte sa barque ;
Lorsqu’un cri le retient et que son œil remarque
Sur la rive, tout près, à la pâle lueur,
L’eubage qui l’invite à gagner la hauteur :
« Quoi ! de Bélisana, par Esus, c’est l’eubage ! »
Le héros saute à terre et gravit le rivage.
« Noble fils de Conan, la fille de Camma,
« Au héros que son cœur de tout temps estima,
« ci, veut cette nuit parler en confidence ! »
Lez-Breiz s’incline et dit : soit ! son cœur en silence
Dévore les ardeurs de l’amour en suspens,
Robe de Déjanire enserrant dans ses pans
Notre Hercule Gaulois dont l’angoisse est mortelle.
Que veut Bélisana ? Pourquoi retarde t-elle,
Un retour si pressant la veille du combat ?
Pourquoi ?... Mais la voici ! Lez-Breiz, que ton cœur bat !
Tu l’aimes plus encor que ne le croit ton âme !
L’eubage se retire : et l’amante, la femme,
Seule près du héros, se sent évanouir !
Ah ! l’amour te regarde, et ne peut qu’éblouir,
Tendre Bélisana, l’âme qu’il a ravie !
Lez-Breiz est ton soleil : son amour est ta vie !
La blanche druidesse un instant doit plier :
Son corps frissonne au vent comme un beau peuplier !
Mais la Sène bientôt retrouve son courage ;
Sa voix redevient ferme et son âme, plus sage.
« Pardonne, noble ami, je parle sans détour,
« Si je retarde tant ton important retour.
« Digne fils de Conan, tu connais mon estime :
« La Gaule espère en toi. Prends donc ce gage intime,
« Que les dieux, par ma main, offrent à ta valeur ;
« Prends cette écharpe blanche et la mets sur ton cœur.
« Crois, fidèle Gaulois, à ce rameau de chêne ;
«