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Qu’en vain pèsent les fers sur sa puissante épaule ;
« Que notre mère veut, à son fidèle amour,
« Avant tout regagner les ingrats de ce jour ;
« Qu’à ses fils aveuglés elle tend sa mamelle,
« Gardant pour le retour la source maternelle ?
« Non, non, pour les Gaulois ; Lez-Breiz, sage guerrier,
« Point d’imprécations ! Ainsi qu’à ce brasier
« Je rallume ta torche et te la rends brillante,
« Puisse la noble ardeur de notre âme vaillante,
« Aux cœurs des égarés de notre nation,
« Pour Elle rallumer la sainte passion !
« Triomphez, et bientôt l’éloquente victoire
« Bien haut fera parler les attraits de la gloire !
« Réservons au Romain nos malédictions !
« Esus, Dis, Teutatès, grands dieux, nous supplions
« Votre éternelle haine et vos sombres colères,
« Par \os fils, nos aïeux, ô pères tutélaires, ,
« Par notre foi, nos maux, écrasez l’oppresseur !
« De son âme, en vengeance, égalez la noirceur !
« Et maintenant : à moi, chaos, ciel, terre, abîme !
« Sur le granit sacré couchez-moi la victime !
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Et l’horreur se répand sur l’astre de la nuit :
Et la rage du vent grossit encore son bruit ;
Et des serpents de feu couvrent l’horrible fête.
Un cri part, le sang coule, et la noire tempête
L’emporte dans les airs, le jette aux eaux du Mor.
« Qu’ainsi, demain, Gaulois, Héol aux cheveux d’or,
« Jette le sang romain aux ondes de la Gaule ! »
La druidesse a dit ; et l’effroyable rôle
La laisse libre enfin de regagner en paix
L’asile où déposer ses lugubres apprêts.
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