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mémoire des temps qui sous le chêne garde
« Pour la postérité le grand nom de Camma ?
« Adorateurs d’Esus, race qui tant aima
« Les bois de l’Invisible et ses horreurs sacrées,
« Vous n’avez d’un écueil que les crêtes murées !
« De vos pères là-bas sont les grands champs de Mars,
« Et cette nuit, le flot étreint de toutes parts
« La modeste retraite où sont quelques guerriers !
« Là-bas tout près du Mor, ces vils aventuriers
« Nous ont ravi, Gaulois, notre champ druidique ;
« Et demain, près de nous, sur cette côte antique,
« Le Romain veut encor poser son pied maudit !
« Que nous restera-t-il, si l’inique bandit,
« Après forêts et champs, prend enfin nos rivages ?
« Le goëland, du moins, pour de lointains parages,
« Sur le vaste océan, sans qu’il soit arrêté,
« Peut prendre son essor, sauver sa liberté ;
« Mais nous, guerriers, mais nous, des familières ondes
« Il faut chasser l’intrus, ou nos nefs vagabondes
« Devoûront, sans espoir, au gouffre ou bien aux fers
« Nos fronts humiliés, nos êtres les plus chers !
« Rappelle-toi, Gaulois, Armoricain, Vénète,
« Que sur les flots, jamais, non jamais la défaite
« N’a terni ton drapeau, réjoui le Romain.
« L’océan vous connaît, pour vous sera demain ;
« Et vos nobles vaisseaux, unis pour la victoire,
« Ramèneront des cœurs fiers de la même gloire.
« Vaillants amis, guerriers, la tempête rugit :
« Que votre haine gronde ! Oui, le Gaulois rougit
« Rien qu’à l’odieux rêve où l’infâme esclavage
« Ose effleurer son front du dégradant bandage !
« Qui torture la Gaule ! Hélas, lui, le bourreau,
« Dont l’âme est sans pitié, le glaive sans fourreau.
«