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Qui s’apprêtent demain, dans la lutte suprême,
A mourir en Gaulois pour ce qu’un Gaulois aime,
Pour la Gaule et ses dieux, et pour sa liberté ;
Qu’elle voit attentifs, l’œil sur elle arrêté,
Jette un regard ému, plein de mélancolie.
Hélas ! est-elle éteinte ; est-elle ensevelie,
La gloire des Mallus dans l’immense forêt ?
Des yeux des plus âgés, compagnes du regret,
Tombent, sur le vieux sol, des larmes éloquentes.
Pour tes grands champs de Mars maintenant tu fréquentes,
O Race des Brennus, et l’îlot et recueil.
Prends, veuve des beaux jours, prends ta robe de deuil !
La Sène, à ce penser, du cœur aux pieds frissonne ;
Par dessus l’ouragan sa voix ainsi résonne :
« O fils de Teutatès, fiers enfants de la nuit,
« Frères aimés, Gaulois ! devais-je voir réduit,
« Le peuple de géants qui fit trembler la terre,
« Qui brave de Tarann l’éclair et le tonnerre,
« Qui ne craint qu’Esus seul, sur ce pauvre rocher,
« Pour l’auguste Mallus, à se venir cacher ?
« Là-bas, déserte, en deuil, gît notre île de Sène !
« O mes sœurs, au départ notre douleur fut vaine !
« Ton granit, ô Plogoff, fut sensible à nos pleurs ;
« Mais tu fus impuissant à couvrir nos malheurs !
« Le tyran fut de fer, sa haine fut cruelle !
« Et, seule devant vous, Bélisana la Belle,
« Des neuf sœurs reste encor pour crier le forfait !
« O Gaule ! ô mon pays, mon peuple, qu’as-tu fait
« Pour te voir abreuver d’une telle amertume ?
« Amis, buvons la haine et qu’elle nous consume !
« Là-bas sont les forêts qu’habite l’Inconnu ;
« Mais son druide saint, lui, qu’est-il devenu ?
« Qu’est devenu l’accent de Hu, son divin barde ;
« La