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L’amante par deux fois sentant l’amour vainqueur,
Pose et presse sa main sur le rebelle cœur.
Tous les Gaulois, charmés, avec orgueil admirent
Ces deux fronts que jamais les Romains ne soumirent,
Ce couple qui pour eux, de la divinité,
De la chère patrie et de la liberté,
Cette nuit, est le gage ainsi que le symbole.
Mais le fils de Conan prend enfin la parole :
« O fille de Camma, prêtresse de ces lieux,
Noble Bélisana que chérissent les dieux,
Puissante druidesse et Sène vénérée,
Nous voici devant toi. Par ta voix implorée,
Que la forte sagesse assiste à nos conseils,
Et provoque en nos cœurs de sublimes réveils !
Ordonne, et conduis-nous à la sainte retraite
Où, des chefs avec toi, conseillère discrète,
L’auguste tribunal décide sans retard. »
Lez-Breiz dit et s’incline. En vain telle qu’un dard
La sourde passion plonge et plonge acérée
Dans l’âme du héros, qui saigne déchirée.
Tous entrent avec calme, amants comme guerriers,
Dans le passage étroit où marchent les premiers,
Les deux braves traînant le Romain dans les chaînes ;
Où brillent les flambeaux, où suivent bien des haines.
Au fond du sanctuaire, en face du couloir,
Deux anneaux en granit découpent le roc noir.
Le prisonnier debout, les mains dans ces entraves,
Mais sans pâlir, attend, seul, entre les deux braves.
Ce Romain, jeune encore, n’implore point merci,
Et son regard hautain garde un sombre défi.
Sitôt que le conseil, de l’imminente guerre
A discuté le plan, réglé la grande affaire,
La Sène, sans retard, fait boire l’eau du Gui,