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Que sa Bélisana désespère son âme ;
Qu’il souffre les tourments des intimes ardeurs ;
Son cœur saura cacher jusqu’en ses profondeurs
La chère passion qui domine son être.
Cette nuit druidique, il n’en doit rien paraître.
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Autour de la tombelle on n’entend que rugir
Le vent de la tourmente, ou que le flot gémir ;
Gavr-Ynys est désert ; pas une humaine forme ;
Il semble que l’îlot soit une âme qui dorme.
Que sont donc devenus tous ces nombreux guerriers ?
Tous ont gagné ces lieux, et premiers et derniers !
Est-ce pour admirer l’océan dans sa rage ;
Pour écouter la voix du vent et de l’orage,
Qu’ils ont bravé, ce soir, le Mor dans sa furie ?
Et toi, Bélisana, druidesse chérie,
Qu’aime ce sanctuaire, et qu’en vain il attend,
L’as-tu quitté ce soir ? Dans ses bras t’emportant
Alors que son horreur descendait sur ta tête,
Dis t’aurait-il remise aux bras de la tempête ?
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Silence, ô Gavr-Ynys ! sur le pieux sommet,
Regarde, la voilà dans’ un brillant reflet.
Le chêne sur son front et la sombre tunique
Disent éloquemment quel rite druidique
Doit sur l’autel fatal ensanglanter la nuit.
Immobile, au milieu de l’orage et du bruit,
Ses longs cheveux tordus par l’haleine puissante,
Elle semble un génie aspirant la tourmente,
Et, sous les plis flottants de sa robe de deuil,
La Gaule des Brennus debout sur un cercueil !
Qu’attends-tu, druidesse, et quel penser t’absorbe ?
Ton âme nage-t-elle avec le brillant orbe