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A peine a-t-elle dit qu’une discrète haleine,
Comme une âme sensible aux doux vœux de la Sène,
De feuille en feuille accourt, bruit dans le bosquet,
Et d’un coup de son aile, ainsi que d’un archet,
Fait frissonner la corde et gémir les cithares.
O plainte harmonieuse, échos faibles et rares,
Vous faites tressaillir celle qui vous entend ;
Pour elle vos soupirs sont le gage touchant
Que deux fidèles cœurs accordent à leur fille ;
Et l’oreille vous suit, alors que le front brille.
Vibrez, vibrez encore ! Elle vous aime tant !
Hélas, Bélisana, ne sais-tu que souvent
La colombe est au ciel près de l’oiseau de proie,
Et que l’effroi souvent est voisin de la joie ?
Mais quoi ! Ce front si pâle, et ces yeux agrandis !
Qu’est-ce, ô prêtresse ?... « Horreur ? le sombre cliquetis
« Jette sa note aux vents : la faucille et l’épée
« Ont sonné sur l’airain de l’armure frappée ! [pleurs ;
« Ah ! qu’entends-je ? partons ! Ces plaintes sont des
« Et l’âme de mon père annonce des malheurs !
« Viens, ma chère cithare ! « Et d’un doigt sympathique,
Elle reprend soudain à l’arbre fatidique
La cithare qui pend auprès des souvenirs ;
S’éloigne ; et dans son cœur sonde les avenirs !
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Dans l’azur, fatigué de promener sa gloire,
Comme au champ du triomphe un guerrier, sa victoire,
Bel-Héol a quitté l’immensité des cieux :
Dans le vaste océan dort l’astre radieux ;
Et les pâles lueurs expirent sur l’abîme !
Déjà le sombre Dis, à la céleste cime
Plane, et, d’un bras jaloux, jette son noir manteau
Dont la profonde horreur couvre la terre et l’eau.