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Ici, comme aux dolmens, comme autour des menhirs,
S’exhalent dans les airs, les plaintes, les soupirs.
Dans leur amours pour toi, ces âmes fatidiques
Feront-elles parler des brises prophétiques ?
Bélisana, ton front est chargé de soucis ;
Et sur toi, noir, pesant, le chagrin s’est assis.
En vain, du moindre bruit ton oreille est en quête.
Rien ! tout se tait, tout dort ! Soudain levant la tête,
La prêtresse, à son cou, d’une fébrile main,
Arrache la cithare et le souple lien.
Que lui forme toujours une tige de lierre ;
Puis s’élevant d’un bond sur une haute pierre,
Les suspend à la branche auprès des souvenirs ;
Et sa voix suppliante appelle les zéphyrs !

Ames de mes ancêtres,
Esprits toujours vivants.
Parlez-moi, tendres êtres ;
Soupirez sous les vents !

Brises mystérieuses,
Murmurez des douceurs ;
Rendez harmonieuses
Ces trois cithares sœurs !

Parle, parle, ô ma mère !
C’est moi ; c’est ton enfant !
Ton cœur ne peut se taire ;
L’amour le lui défend !

Toi, père, ô divin barde,
N’as-tu pas un accent
Que ta cithare garde
Et que ta fille attend ?