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De ta retraite sainte est-ce l’oiseau sacré ?...
Ou la voix d’un génie aurait-elle vibré ?...
C’est ta Sène, ta fée ! Admire son allure ;
Contemple la soyeuse et riche chevelure,
A la brise, au soleil, livrant des flots dorés ;
Vois son pied effleurant tes gazons révérés ;
Et dis, ô Gavr-Ynys, si la jeune cavale,
Tête et crinière au vent, l’œil en feu, sans rivale,
Aspire à plus longs traits l’air et la liberté,
Et plus montre en son corps de grâce et de fierté ?
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La vierge avec respect sous sa blanche tunique,
Dépose l’herbe d’or, pour elle gage unique,
Hésite, puis repart et vient droit au bosquet,
Dont le chêne d’Esus offre le vert bouquet
A l’horizon lointain de la plaine infinie.
Là, d’un vieux tronc moussu la branche dégarnie
Se courbe sous le poids d’un multiple fardeau ;
C’est du brillant passé le funèbre cadeau.
L’arbre des souvenirs les balance à la brise
Jusqu’au jour où le temps ou l’orage les brise.
O fille de Camma, de Hu le souverain,
De ta mère voici la ceinture d’airain ;
Voici la serpe d’or et voici la cithare !
(L’arbre des souvenirs, bien loin qu’il les sépare,
Les tient sur même tige unis pieusement)
De ton père voici le divin instrument ;
Le temps, ou le vent seul le touche de son aile ;
Et muette est sa voix autrefois solennelle ;
Sur le grand bouclier dont le Gaulois s’arma !
Il dort près de celui, que fit parler Camma,
De ces objets sacrés qu’est-ce que tu réclames ?...
Un signe, tendre enfant, de ces deux grandes âmes.