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Et Gauloise toujours fière, passionnée,
Recompte avec orgueil sur la mer étonnée
Tous ces nobles vaisseaux respirant le combat,
Et dont chacun paraît un aigle avant l’ébat
Le Mor, près du Gwenet, un instant la fascine.
Sur une poupe altière un guerrier se dessine :
L’œil dilaté le voit. C’est lui ! Lez-Breiz est là !
Lez-Breiz qui la regarde ! Amour, amour, voilà
L’effet de ta puissance ! A ton regard, le rêve
Fait la réalité sur la distante grève.
Tout à coup s’arrachant au mirage enchanteur,
La prêtresse, à regret, descend de la hauteur.
Ah ! c’est bien, bel Héol, Bélisana la belle
Que tes feux du matin, jusque sous la tombelle,
Suivent avec amour dans un sillon doré !
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Quel est ce lieu funèbre, étrangement muré,
Où, les pieds dans le sol, et la tête affermie,
Chaque pierre pour elle est une page amie,
Tablette gigantesque aux rudes traits gravés,.
Gardant les souvenirs pour son âme avivés ?
O fille de Camma, c’est la tombelle sainte,
Le dolmen enserrant en son intime enceinte
Les restes de ta mère et de Hu le divin.
Non, non, ce cher penser jamais ne parle en vain
A la .fille du barde et de la druidesse ;
Et, Sène, de ce lieu ta mère est la déesse !
Bélisana s’avance au solennel endroit ;
Dix pas ont mesuré le long passage étroit,
Et la voici, dans l’ombre, à la salle carrée
Qui forme du dolmen la retraite sacrée.
Vers sa lampe d’argile elle marche avec soin,
La retrouve sans peine en son fidèle coin,