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Est-ce sur Gavr-Ynys, Bélisana la belle,
Ou l’amante d’Héol sur l’antique sillon ?
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La Sène, avec délice, au chant de l’oisillon
Ouvre son âme émue, ainsi que son oreille ?
Livre ses longs cheveux, deux tresses sans pareille,
Aux baisers caressants des humides zéphirs ;
Et mêle bien des vœux à leurs tendres soupirs.
O fille de Camma, goûte cette nature :
Ton cœur y sent un cœur, et, bien que sans culture,
Cet îlot te prodigue une moisson de fleurs.
C’est l’ami qui comprend ta joie et tes douleurs.
Tourné vers l’océan, dont sa claire prunelle
Semble une goutte bleue en qui l’âme étincelle,
Son œil scrute un instant les horizons lointains.
Rien sur la vaste plaine aux contours incertains !
La flotte de César est encore invisible ;
Et les Gaulois, ce soir, sur cet îlot paisible,
Comme des goëlands la troupe qui s’abat,
Pourront venir régler le suprême combat !,
Dans la passe du Mor les ondes endormies
Laissent seules glisser deux ou trois nefs amies.
Bélisana les suit de son regard distrait ;
Puis du nord au midi, tout à coup, comme un trait,
Ce regard part et vole à la côte fameuse
Où. jusques aux confins de la ligne brumeuse,
Des druides il voit les granits éloquents ;
Et la haine du barde éclate en ces accents :

Terre antique et sacrée,
Verrais-tu donc cette race exécrée !
Quoi ! Ma Gaule adorée,
La plage, vierge encore, où toujours peut dormir,