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Ton repos est actif, autant, plus que ta veille !
« Esus ! Dis ! Teutatès ! Bélisana ! Merveille !
« Père ! Camma ! Plogoff ! O Sène ! ô Klaz-Merzin !
« Oma Gaule ! ô Lez-Breiz ! César ! haine ! Romain ! »
Qu’est-ce, ô Génie ? écoute ! une âme se lamente !
Qui trouble Gavr-Ynys ?... La Gauloise, l’amante !
La druidesse rêve, et sa bouche trahit
Ce qu’au fond de son cœur la vierge ensevelit.
La tombe parle, et l’âme échappe à ses entraves.
L’amour dort-il jamais ? C’est en vain que tu braves,
Sène, la passion ! Qui contient le torrent ?
Des flancs mêmes du roc il sort en délirant.
« —Est-ce le Ciel ? que vois je ? Au Klaz-Merzin, lui-même ?
« O bonheur ! réunis ! Viens, mon Lez-Breiz ; je t’aime ! »
— Tais-toi, cœur imprudent ! De ces aveux nouveaux
Sous ton aile, ô Génie, étouffe les échos !
Le cœur, vois-tu ? surtout le grand cœur de la femme,
C’est l’océan profond ; c’est la puissante lame
Qu’enfante l’ouragan, qui, même qu’il a fui,
Garde l’impulsion n’émanant que de lui,
Et sous un ciel tranquille ébranle les rivages.
Le cœur ! C’est l’air immense où courent les nuages,
Le souffle impétueux qui, tout échevelés,
Les emporte avec lui, dans les cieux rappelés,
Abandonnant la terre où régna la tempête
Et laissant aux zéphyrs l’incertaine conquête
Où l’oiseau méfiant ose à peine dormir !
... Mais, de Bélisana le corps vient de frémir !
La bouche parle encore ; elle poursuit son rêve » ;
Ce rêve, quel est-il ? sur quels flots, quelle grève ?
Parle, parle, ô Génie, ombre de Gavr-Ynys ;
Parle sans redouter l’ire du sombre Dis !
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