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Pars, Lez-Breiz, pars, adieu ! Voici sur la tombelle
Mon eubage qui veille, et ton brave t’attend !
Que le grand Teutatès, pour nos droits combattant,
Assure le succès de la sainte entreprise ! « 
Et la Sène à ces mots, craignant une surprise
De son sein par l’amour fortement agité,
Montre au guerrier la rive, et. d’un accent bâté :
« Je te quitte, Lez-Breiz, retourne vers ton père.
Va ! que le ciel t’accorde un voyage prospère
Et te ramène ici pour le soir solennel !
Tu sais notre serment : par Esus l’Éternel !
La Gaule sera libre, ou ses enfants victimes,
Avec sa liberté descendront aux abîmes ! »
Un signe de la main, puis un regard profond :
Et comme une chevrette elle s’enfuit d’un bond.
Le héros suit des yeux la captivante image,
Et, la main sur son cœur, regagne le rivage.
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Bientôt sur la colline un long silence dort ;
Des flancs de Gavr-Ynys, seul, un murmure sort :
Le flot de l’océan rase en mordant l’enceinte,
Et, comme une âme en peine, exhale au loin sa plainte.
Voici Bélisana qui touche à l’horizon !
Allons, prêtresse, toi, rentre dans ta maison.
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Au soir, ivre de lutte, aspirant la tourmente,
Comme au champ de bataille un guerrier sous sa tente,
L’aigle rentre son front sous son aile au repos,
Et du chêne étreignant la cime des rameaux,
Livre aux vents son sommeil, s’abandonne à l’orage,
Bercé par la tempête ou battu par sa rage !
De même, cette nuit, Bélisana, tu dors,
L’âme en un tourbillon, le cœur loin de ton corps ;