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Et je comprends la sienne, ô fille de Camma,
Sur ton cœur généreux qui le vit et l’aima !
Comme toi brave et beau, c’est aussi l’homme sage ;
N’est-ce pas le guerrier choisi pour ton message ?
Parle ; Lez-Breiz écoute, et l’air sera discret :
L’esprit de Gavr-Ynys veille sur ton secret ;
Et la plaine du Mor, contre toute surprise
Retiendra les échos sous l’aile de sa brise !
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Âme de la patrie et flamme de l’amour,
Faut-il que les destins aient marqué votre jour !
Voici ce noble couple, espérance et jeunesse,
Respirant à plein cœur dévoûment et tendresse ;
Et déjà sur sa tête un avide corbeau
Plane, épiant l’instant où piller un tombeau !
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La Sène a dit ; Lez-Breiz a reçu le message.
Comme on voit sur les monts deux ramiers de passage,
Partageant le repos du roc hospitalier,
Délaisser tout à coup l’entretien familier,
S’agiter inquiets, sonder l’immense voûte,
Impatients tous deux de mesurer leur route ;
S’épier, hésiter de l’aile et du regard,
Ne pouvant se quitter, s’irritant du retard ;
Et, perplexes tous deux devant le temps qui presse,
Se jeter l’un à l’autre un appel de détresse ;
Jusqu’à ce que l’un deux, brisant le charme enfin,
Parte, et que chaque ramier reprenne son chemin.
Ainsi le couple ému, guerrier et druidesse !
Quand la voix impuissante à cacher sa tendresse,
Parle en tremblant et dit : « Noble fils de Conan,
Déjà l’astre des nuits s’éloigne en s’inclinant,
Le flot change son cours, et le devoir t’appelle.