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Son doigt caresse encore, mais sans plus la presser,
La corde qui frémit aux battements du cœur.
La cithare est muette, et muette, sa sœur,
La bouche harmonieuse aux accents pleins de flamme.
Dans un sombre courroux, comme un volcan, son âme
Gronde, bouillonne et pousse un long soupir haineux.
Sa ceinture d’airain ,aux reflets lumineux,
Retient les plis flottants de ? a tunique blanche ;
Et sa faucille d’or abaisse sur sa hanche,
D’un croissant effilé la courbe gracieuse.
Qu’elle est belle ! D’Héol l’amante radieuse
Lui verse tout l’éclat de sa douce splendeur,
Comme un être jaloux prodiguant son ardeur,
Argenté sur son front la branche de verveine,
Sur son cœur illumine un vert rameau de chêne.
Et semble par ses feux, pour la diviniser,
En astre aussi vouloir la métamorphoser !
Mais qui captive donc Bélisana la belle ?
Son œil à la lumière est-il ainsi rebelle ?
Reste-t il fasciné par un regard hautain ;
Ou poursuit-il un rêve au rivage lointain ?
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Tout à coup s’éveillant, la blonde druidesse
Secoue un front chargé d’une sourde tristesse ;
Elle voit sa nacelle et les flots éclairés,
Tressaille, puis, d’instinct, vers les cieux azurés
Reporte son regard sur leur brillante reine.
Jamais gloire ne fut si douce, si sereine !
Aussi, dans un élan, ne sachant que poser
Une main sur sa bouche, elle jette un baiser.
Dans ce baiser naïf toute une âme s’envole :
(Le baiser pour l’amour, fut toujours un symbole)