Page:Constant - La Druidesse.djvu/20

Cette page n’a pas encore été corrigée

Accord et cri d’espoir, fait tressaillir les flots !
Le Morbihan frissonne ; un souffle sur ses ondes
Passe comme un esprit ; un front aux tresses blondes,
Plein de fierté se dresse, et son œil en courroux,
O liberté divine, a ton regard jaloux !
C’est elle ! la voici, l’image de la Gaule
Soulevant son beau sein et sa puissante épaule,
Brisant l’horrible joug, et d’un suprême effort
Cherchant à t’écraser, ô monstre qui la mord !
L’ombre même en frémit. Debout, échevelée,
La vengeance apparaît, poitrine dévoilée,
Sur les ténèbres plane et respire le sang !
On sent l’âme d’un peuple, et du plus noble rang,
Flotter en sa colère au-dessus de l’abîme ;
Un vaste cœur bondir sous l’aiguillon du crime
Qui veut ravir aux fils, sol, dieux et liberté !
...................................................................
Mais l’horizon blanchit : une douce clarté
Annonce dans le ciel, là-bas sur la bruyère,
De l’astre au front d’argent l’auréole première.
Bélisana s’avance, émerge, d’un regard
Illumine la nuit, et sans plus de retard
Inonde de ses feux la plaine ruisselante,
Où navigue l’esquif ; l’ombre légère et lente
Glisse tranquillement sous un rayon tremblant :
Tel, au courant livré, vogue le goéland.
Immobile à la poupe, est-ce donc un fantôme
Qui s’élève du Mor et domine un royaume ?
Ses longs cheveux épars ondoyant comme un flot.
Le regard impassible, altière, le front haut,
Sous la voûte des cieux, à la lumière pâle,
Debout, statue étrange et forme de vestale,
Seule, la druidesse est tout à son penser.