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Pourquoi rameau de chêne et branche de verveine ;
Pourquoi tunique blanche, au rein ?
Des bruits de la forêt, de l’onde sur l’arène,
De la brise, pourquoi science souveraine ?
Bientôt, malheur ! bientôt tout cela sera vain !
Prêtresse, il te faut être, ou l’ombre souterraine,
Ou bien dans ces beaux lieux où jadis tu fus reine,
L’esclave du Romain !

Fléau de mon pays, César, à toi ma haine !
Ne triomphe pas tant de triompher demain.
Tu verras ce que peut, sous le rameau du chêne,
D’une femme la faible main !
Va ! le Gaulois blessé, garde son âme saine,
Et le jour du combat, sous les coups qu’il assène
Arrête le tyran ou jonche le chemin.
Qui meurt pour sa patrie en en brisant la chaîne,
Mérite un plus grand nom que celui que promène
Ton glaive, vil Romain !

Le Scion d’Avank-Du sur la Gaule étouffée
Maintient le flot fatal et pèse sur son sein ;
De l’Uther-Pen-Dragon, allons, puissante fée,
Appelle à toi ton art divin !
Cueille le selago, bois la plante greffée,
Et que la Gaule entière, à ta voix réchauffée,
Soulève sa poitrine et libre soit enfin !
Arme les éléments, ondes, terre, nuée ;
Que tout se ligue et fasse un immense trophée
Des lambeaux du Romain !

Et ce cri dans la nuit, explosion d’une âme,
Et cet accord vibrant que lui jette une femme,
Accord et cri de haine, ébranle les échos,