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Par ou la mer, vague éternelle,
De sa poitrine maternelle
Pousse le flot, le flot ressort !

Vogue pour moi, ma goélette,
Berce mon âme à cette horreur !
J’aime, la nuit, l’ombre muette
Où j’écoute battre mon cœur.
Esprits amis, calme ou tempête,
Venez flotter près de ma tête :
Je suis la Sène votre sœur !
Entends du Dieu la voix secrète,
Barde du Mer, et son poète,
Chante à la nuit, chante sans peur !

Et sous le doigt du barde, encor que frémissante,
Comme un léger soupir d’une âme gémissante,
La cithare un instant n’a plus qu’un faible écho ;
Sur le sable on dirait le murmure de l’eau.
Puis d’un nouvel accord l’harmonieuse étude
Fait vibrer tout à coup la note du prélude.
C’est le brûlant appel à l’inspiration ;
Et la voix de chanter pleine d’émotion !

O nuit, immense nuit, âme divine et mère,
Ton vaste embrassement du soir au lendemain,
Dans ses plis ténébreux enveloppe la terre
Pour y verser la vie à plein !
Quelle est ton hyménée, ô nuit, profond mystère ?
Le formidable dieu, ton époux, notre père,
D’un regard tout puissant créa le genre humain ;
Et c’est lui que j’invoque en ma juste colère.
Lève-toi, Teutatès ! Que ton bras tutélaire
Nous venge du Romain !