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Ainsi chante la voix, et cette voix kimrique
A touché les échos de l’antique Armorique :
Le flot ému tressaille ; il reconnaît l’accent.
Est-ce ta voix céleste ? Est-ce ton cri puissant ?
Noble et belle Camma, revis-tu prophétesse ?
C’est ton cœur, ô Camma, ton âme, druidesse !
C’est la vierge de Sène ; et ta fille, c’est toi.
Parle, chêne sacré : sous ton ombre et ta loi
A-t-il donc reparu, le barde vénérable ?
Du grand Hu le divin, est-ce l’art inspiré ?
Oui, Vénètes, c’est lui, l’oracle vénéré :
C’est lui ! C’est son enfant, Bélisana la Belle !
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Qu’il lui sied bien au soir le nom dont on l’appelle !
N’est-elle pas sur l’onde un symbole vivant
De l’astre aux doux rayons sur la nuit se levant ?
Ce front d’une déesse où la beauté s’épanche,
Brille au-dessus des eaux comme une étoile blanche :
Un éclair en jaillit, celui de ses yeux bleus ;
Un riche réseau d’or, un flot de blonds cheveux
L’encadre, se répand, inonde un cou de cygne
Et sur l’épaule voile une merveille digne
D’un lis. Elle frissonne ! Est-ce donc un baiser ?
Oui ! la brise du soir se plaît à l’y poser
Sous le soyeux manteau qu’elle entr’ouvre et soulève.
Telle ainsi sur sa nef et fuyant comme un rêve,
Bélisana, debout, glisse vers l’horizon !

Héol a disparu. Déjà le jeune oison
Au rivage s’endort sous l’aile maternelle ;
Le courlis est muet ; et la plainte éternelle
S’exhale sur la plage et berce le vanneau.
Voici la sombre nuit qui s’abaisse sur l’eau ;