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JOURNAL INTIME
DE
BENJAMIN CONSTANT[1]




1804


Weimar. An XII. Le 1er Pluviôse[2]. — Je viens d’arriver à Weimar, où je compte rester un certain temps, car j’y trouverai de riches bibliothèques, des conversations sérieuses, selon mes goûts, et surtout de la tranquillité pour mon travail. — J’ai dîné chez Bötticher, homme extraordinairement savant et de bon sens, mais sans goût et avec des formes lourdes. J’y ai rencontré une jeune Anglaise, miss Robinson, enthousiaste de Goethe et de Kant, et réunissant à de l’esprit et du mouvement l’absence de finesse des Anglais et l’amour des idées absolues des Allemands. — Soupé dans le monde.

Le 2. — Je travaille peu et mal, mais en revanche j’ai vu Gœthe ! Finesse, amour-propre, irritabilité physique

  1. Ce Journal, commencé à Weimar en 1804, prend fin à Paris en 1816.
  2. Exilé par Bonaparte en même temps que Mme de Staël, Benjamin Constant l’avait accompagnée en Allemagne. Très bien reçu à Weimar, il s’y fixa pendant quelque temps.