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de la vérité qui exclut tout arbitraire et toute incertitude.

C’est une idée peut-être neuve, mais qui me paroît infiniment importante, que tout principe renferme, soit en lui-même, soit dans son rapport avec un autre principe, son moyen d’application.

Un principe, reconnu vrai, ne doit donc jamais être abandonné, quels que soient ses dangers apparens. Il doit être décrit, défini, combiné avec tous les principes circonvoisins, jusqu’à ce qu’on ait trouvé le moyen de remédier à ses inconvéniens, et de l’appliquer, comme il doit l’être.

La doctrine opposée est absurde dans son essence, et désastreuse dans ses effets.

Elle est absurde, parce qu’elle prouve trop, et qu’en prouvant trop, elle se détruit elle-même. Dire que les principes abstraits ne sont que de vaines et inapplicables théories, c’est énoncer soi-même un principe abstrait. Car cette opinion n’est pas un fait particulier, mais un résultat général. C’est donc énoncer un principe abstrait contre les principes abstraits, et par cela seul, frapper de nullité son propre principe.